The Council on Aging of Ottawa

Célébrons les aînés de la communauté francophone

Une personne âgée qui lit avec un enfant

Par Peggy Edwards, Conseil sur le vieillissement d’Ottawa
Publié pour la première fois dans le Fifty-Five Plus Magazine, mars/avril 2023

Au cours de la semaine du 20 mars, les aînés de la communauté francophone profitent de la
Semaine internationale de la francophonie avec toutes sortes d’événements et d’activités, dont
des pièces de théâtre et des expositions d’art, des événements familiaux et des festivals de
films et de gastronomie. Leurs familles, amis et voisins qui parlent anglais ou d’autres langues
sont toujours les bienvenus pour se joindre à la fête. Célébrer cette semaine reconnaît le
potentiel de la langue et de la culture pour unir les gens et créer un espace de solidarité et de
compréhension mutuelles.

Pourtant, selon l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), les aînés francophones de l’Ontario font face à des désavantages dans notre quête commune d’un vieillissement en santé. La population francophone de l’Ontario est non seulement plus âgée statistiquement, mais aussi plus  vulnérable, étant donné que son niveau de scolarité et son revenu sont inférieurs à ceux de la population vieillissante générale de la province. Les aînés francophones sont plus susceptibles d’avoir une mauvaise santé physique et mentale et résident souvent dans des régions rurales qui peuvent accentuer
l’isolement.

Les problèmes et les défis auxquels sont confrontés les aînés francophones doivent être identifiés et traités avec des politiques, des programmes et des services qui optimisent les opportunités de santé, de
participation et de sécurité à mesure que les personnes vieillissent. Lors des consultations entreprises par l’AFO en 2019, les aînés francophones de la région d’Ottawa ont identifié les priorités suivantes :  traitement équitable, programmes en français, logement abordable, services de transport/transport
adapté, services gouvernementaux en français, accès aux soins et centres de santé, l’isolement, l’optimisation des technologies et le soutien au modèle des villes amies des aînés.

Trèva Cousineau est récipiendaire de nombreux prix, dont le Distinction June Callwood pour contribution exceptionnelle en Ontario en 2022 et a été directrice générale de nombreux organismes faisant la promotion de la langue française aux niveaux provincial et national. Elle est une défenseure infatigable de l’égalité et de l’éducation francophones. Aujourd’hui âgée de 85 ans, Treva est membre active du conseil d’administration et vice présidente du Conseil sur le vieillissement d’Ottawa (CSV).

« C’est bien d’être impliqué dans un organisme bilingue comme le Conseil sur le vieillissement d’Ottawa », dit Trèva . « Nous recommandons et appuyons le développement de stratégies, de programmes et de services pour répondre aux besoins des aînés francophones en collaboration avec les comités du CSV et les organismes communautaires francophones et anglophones. Et nous appuyons activement un modèle bilingue de ville amie des aînés qui fait d’Ottawa un bon endroit pour vieillir. »

Trèva identifie quelques uns des principaux enjeux pour les aînés francophones de la région d’Ottawa et certaines stratégies nécessaires pour régler ces enjeux.

  1. Améliorer les services en français et réduire les barrières linguistiques, notamment auprès des  professionnels de la santé. « Il est difficile de communiquer ce que vous ressentez et les détails de votre douleur dans une langue seconde, même lorsque vous êtes bilingue », explique Trèva . « Nous avons besoin d’un meilleur accès aux médecins, aux infirmières et aux cliniques de santé francophones, surtout dans les quartiers francophones.
  2. Offrir davantage de places désignées pour les personnes aînés francophones en soins de longue durée, ainsi qu’un soutien accru aux services à domicile et aux aidants naturels en français. « Bien que cela soit également nécessaire pour les personnes aînées qui parlent anglais, l’écart dans les services en français est important », dit Trèva . « Les personnes aînées qui ont besoin de soins supplémentaires doivent se sentir à l’aise dans un environnement qui reconnaît et utilise leur langue maternelle. »
  3. Rendre la communication en ligne plus conviviale pour les aînés francophones. « Alors que la communication avec les gouvernements à tous les niveaux s’est améliorée, il est encore difficile de remplir les formulaires et les demandes en français. Des choses simples comme le fait que le
    formulaire n’accepte pas les accents français sont frustrantes et inacceptables dans une ville et une province officiellement bilingue.
  4. Élire plus de politiciens bilingues francophones aux niveaux municipal et provincial. « Nous avons eu des champions qui ont fait pression pour le bilinguisme et l’égalité des droits dans le passé. Il en faut plus encore maintenant.
  5. Améliorer les services et les communications en français pour les personnes aînées vivant
    dans les régions rurales de la région d’Ottawa. « Pour les aînés des régions rurales, l’isolement social est plus susceptible de résulter d’un manque d’accès à des transports abordables, d’un manque de soutien communautaire et d’un accès limité à la technologie numérique.

Trèva ajoute enfin : « C’est dans l’intérêt de tous d’inciter nos jeunes à apprendre le français. Les personnes qui parlent deux langues ont plus de possibilités de travailler et d’interagir avec des personnes d’autres cultures et pays. Ce n’est pas difficile si nous introduisons une langue seconde tôt dans le développement d’un enfant et si nous offrons un système d’éducation qui offre des possibilités d’étudier  et d’apprendre en français ainsi qu’en anglais et dans d’autres langues. Imaginez, en Suisse, les jeunes grandissent avec un apprentissage obligatoire en deux, trois ou quatre langues. Pourquoi ne pouvons nous pas en faire un objectif similaire au Canada?

Patrick Curran , un bénévole anglophone du CSV est d’accord. « Je pense qu’il y a de réels avantages à avoir deux langues. Je suis ravie et fière que mes petites filles soient toutes parfaitement bilingues et que deux aient reçu leur éducation en français. Dans un esprit de célébration, il est important de terminer cet article en reconnaissant les contributions que les francophones aînés apportent à notre communauté. En plus du soutien qu’ils apportent à leur famille et à leurs amis, quelque 71 % des aînés francophones font
du bénévolat et 60 % participent à des clubs et à des activités socioculturelles. Ils enrichissent notre ville et nos quartiers d’histoire, de culture et de langue. Vive le français !

Depuis 1979, le Mouvement d’implication francophone d’Orléans (MIFO) met en valeur la culture  francophone et promeut l’expression culturelle à Orléans et ses environs. Le MIFO est un centre multidisciplinaire offrant des programmes et des services artistiques, culturels et communautaires en français. Photo: MIFO

Références, liens et informations complémentaires

Assemblée de la francophonie de l’Ontario. Le vieillissement des francophones en Ontario Livre blanc (2019) : https://farfo.ca/wp-content/uploads/2020/11/Livre-Blanc-sur-le-vieillisement-des-francophones-en-Ontario.pdf

Journée internationale de la Francophonie : https://www.francophonie.org/journee
internationale de la francophonie 2023

Statistique Canada. Recensement 2021:
https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=9810002001&request_locale=fr

Raconter les francophones de la capitale. Gazette de l’Université d’Ottawa (2018).
https://www.uottawa.ca/gazette/fr/nouvelles/raconter francophones capitale

Un regard sur quelques données démographiques et historiques (encadré)

  • L’Ontario compte quelque 750 000 francophones et plus de 1,5 million de citoyens bilingues.
    La présence du français en Ontario remonte à 1615, lorsque Champlain rencontre le chef
    huron wendat à Toanche (aujourd’hui Penetanguishene).
  • À Ottawa, 17 % des personnes aînées parlent le français comme première langue,
    comparativement à 15 % du reste de la population; 2,2% ne connaissent que la langue
    française.
  • Aujourd’hui, l’immigration est un facteur déterminant dans le maintien de la vitalité de la
    francophonie d’Ottawa. En Ontario, 17 % des aînés immigrants parlent français. Vingt trois
    pour cent des personnes aînées d’Ottawa ont une langue maternelle autre que le français ou
    l’anglais.
  • Le nombre d’aînés vivant en milieu rural devrait augmenter considérablement entre 2011 et
    2031. Cette augmentation est due au désir des résidents actuels de vieillir chez eux dans leur
    communauté.
  • Ottawa est un centre de la vie française depuis sa fondation au début du 19e siècle. Les
    francophones ont façonné plusieurs quartiers d’Ottawa, dont la Basse Ville, les Plaines
    Lebreton, la Côte de Sable, Vanier et Orléans.